Pratique, gratuite, instantan�e : depuis la cr�ation de sa premi�re version en anglais en janvier 2001, l'encyclop�die en ligne Wikip�dia, d�clin�e aujourd'hui en 229 langues, s�duit chaque jour de nouveaux adeptes. Mais, avec l'augmentation du volume d'articles et, en parall�le, du nombre de visiteurs, les probl�mes inh�rents au projet se sont amplifi�s.

L'encyclop�die est une oeuvre communautaire, et c'est l� son talon d'Achille : ce sont les internautes qui r�digent les articles. Sans besoin de s'identifier, n'importe qui peut �crire ou modifier les textes, corriger les fautes, ajouter des informations ou... des erreurs, involontaires ou non. Or, contrairement � une encyclop�die classique, Wikip�dia ne poss�de pas de comit� de lecture pour valider les articles avant parution. Tout texte cr�� ou modifi� est aussit�t disponible sur le site. La fiabilit� du contenu repose enti�rement sur un syst�me d'autor�gulation : si un internaute commet des erreurs dans un texte, un autre peut les corriger.

Gr�ce � cette libert� de participation, le Wikip�dia francophone propose pr�s de 300 000 articles, dans tous les domaines. � Les trois premi�res ann�es se sont d�roul�es sans probl�me, tant que les �diteurs �taient peu nombreux �, se souvient Florence Devouard, wikip�dienne charg�e des relations avec la presse. Mais avec une communaut� pass�e de 514 membres en d�cembre 2003 � plus de 10 000 en avril dernier, le Wikip�dia francophone n'a pas �chapp� � une r�vision de son organisation. De nouveaux r�les, comme les administrateurs et les arbitres (voir ci-dessous) ont �t� invent�s, des outils de contr�le ont �t� mis en place.

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La communaut� des wikip�diens vote pour d�signer les administrateurs et les arbitres,mais aussi pour chaque changement de son organisation.

C'est qu'assurer la p�rennit� de Wikip�dia et la qualit� de son contenu jour apr�s jour exige de pouvoir faire face � plusieurs menaces. A commencer, dans le vocabulaire wikip�dien, par les � actes de vandalisme � . � Cela va des grossi�ret�s laiss�es par des scolaires, facilement rep�rables, aux actes plus sournois comme le d�tournement d'une information, t�moigne C�sar Alexanian, administrateur de l'encyclop�die. Dans ce cas, la d�tection pourra �tre plus longue. �

Un malin, par exemple, s'est amus� � modifier la devise du Chili dans l'article consacr� � ce pays sur plusieurs versions de Wikip�dia. � Par la raison et par la force � est devenu � Je te veux par la force �. Contre ce type de nuisance, plusieurs parades existent. Pour commencer, toutes les versions d'un article sont archiv�es : si c'est n�cessaire, un administrateur peut substituer � l'article d�natur� un texte ant�rieur. Et, quand un � malveillant � r�cidive, il a aussi le pouvoir de bloquer son adresse IP pour l'emp�cher de nuire. A condition que celle-ci soit fixe...

Derni�re solution, exceptionnelle : l'administrateur peut d�cider de ne plus laisser en libre �criture une page faisant l'objet d'attaques r�p�t�es. En lui conf�rant le statut de � semi-prot�g�e �, seuls les membres enregistr�s depuis plus de quatre jours sont autoris�s � remanier son contenu. C'est le cas actuellement de la page Chili (voir ci-contre).

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Tout internaute peut modifier les articles de Wikip�dia. Mais en cas d'attaques r�p�t�es sur une page ou d'un conflit entre r�dacteurs, les administrateurs ont la possibilit� de restreindre les changements aux seuls membres enregistr�s depuis au moins quatre jours.

Une autre d�rive doit �tre jugul�e : les r�glements de compte entre les contributeurs travaillant sur le m�me article. Apr�s une phase de m�diation visant � d�passionner les d�bats, le comit� d'arbitrage intervient en dernier ressort. Les probl�mes d'ego constituent l'une des principales sources de conflit.

A l'encontre de l'id�e fondatrice d'�criture � plusieurs mains, � certains refusent que l'on retouche leur texte �, d�plore C�sar Alexanian. Ces contributeurs, en g�n�ral, finissent par quitter Wikip�dia une fois qu'ils n'ont pas eu gain de cause.

Ensuite, si Wikip�dia n'a pas de ligne �ditoriale, les articles doivent respecter une � neutralit� de point de vue �. � Les sujets � fort potentiel pol�mique sont les m�mes que dans la vie hors Internet �, pr�cise Mathieu Amo, administrateur et ancien arbitre. A savoir tous les articles qui touchent de pr�s ou de loin � la politique, � la religion et � l'actualit�.

Parmi les derniers sujets entra�nant de vifs d�bats sur le Wikip�dia francophone, l'article consacr� � Grichka et Igor Bogdanov. L'objet principal de la pol�mique : la pertinence de leurs travaux respectifs de th�se de doctorat, et le livre commun qui en est issu. Igor Bogdanov lui-m�me et les d�tracteurs des jumeaux se sont affront�s par texte interpos� � coups de biffages et de r��critures. Pour calmer le jeu et rendre sa lisibilit� � l'article initial, la solution a consist� � d�placer sur une page la � pol�mique autour des travaux des fr�res Bogdanov �. Mais le conflit s'est transpos� sur le Wikip�dia anglophone...

Des sujets plus anodins en apparence �meuvent parfois une partie des wikip�diens. � Le titre de l'article Endive a donn� lieu � des semaines et des semaines de discussion �, raconte C�sar Alexanian. La version initiale mettait en avant l'appellation de chicon, plus usuellement employ�e dans le nord de la France et en Belgique, au d�triment de celle d'endive, plus r�pandue. Un compromis a �t� trouv� : l'article s'intitule Endive, et le mot chicon tap� dans le moteur de recherche renvoie vers lui...

Dernier abus � traquer : le plagiat. � Beaucoup de nouveaux contributeurs croient � tort que tout ce qui se trouve sur Internet est libre de droits �, remarque Mathieu Amo. D'o� un fort souci de vigilance et d'�ducation. Un canal IRC sp�cifique permet ainsi aux administrateurs de conna�tre en permanence les articles sur lesquels sont effectu�s de grands changements de texte.

En cas de doute sur un article �labor�, une premi�re recherche est effectu�e via Google. Si la violation de copyright est av�r�e, l'article est supprim� et le wikip�dien fautif pr�venu. Si le texte repris est libre, la source est mentionn�e. Un dossier complet sur le cancer publi� en 2004 sur Wikip�dia a ainsi �t� retir� d�s lors qu'il �tait prouv� qu'il s'agissait de la reprise d'un ouvrage �dit� deux ans auparavant par Nathan.

Les wikip�diens les plus passionn�s l'admettent avec humilit� : malgr� les divers garde-fous mis en place, Wikip�dia demeure un � projet encyclop�dique � en perp�tuelle �criture dont on ne saurait consid�rer le contenu comme fiable � 100 %. Reste � savoir combien de temps le syst�me actuel du Wikip�dia francophone r�sistera � sa croissance exponentielle.

Dans un entretien accord� � 01net le 24 mai dernier, Jimmy Wales, cofondateur de Wikip�dia, souhaitait renforcer la cr�dibilit� du projet en proposant � une version " stable " des articles, v�rifi�e et approuv�e par des experts sur le sujet �, reprenant ainsi l'id�e d'un comit� de lecture. Ces d�clarations concernaient uniquement le Wikip�dia anglophone, le plus d�velopp� avec plus d'un million d'entr�es, et dont certains d�tournements d'articles ont �t� tr�s m�diatis�s aux Etats-Unis. Pour l'instant, le Wikip�dia francophone est plut�t �pargn� par ce genre de scandale